Institution

Pile : démocratie. Face : névrocratie

Que nous sommes si fiers de donner des leçons de démocratie au monde entier. De nous poser en hérauts du bien pensant. Non. Du mieux pensant. Mieux que…tous. De nous considérer comme les modernes de la pensée collective.

La France, un exemple pour le monde, comme le répètent nos chers politiques, s’appropriant cette valeur France comme s’ils en étaient les seuls représentants, les seuls dépositaires. Comme Manuel Valls qui se pose en « symbole de la République ».

névrocratie démocratie

Créer un fantasme, et lui donner des allures de réalités, transmises comme socle institutionnel. Le système se charge de se construire sur une relation d’obéissance à l’autorité, et d’acceptation passive de l’individu à cette culture collective et institutionnelle. L’individu accepte, se soumet, car l’autorité seule détient la vérité. « Un ministre ça ferme sa gueule, ou ça démissionne », même eux.

Cette autorité est bien évidemment la seule dépositaire de la satisfaction individuelle, par la sanction. Satisfaction, sanction…. Étrange association. Sanction, frustration plutôt. Mais surtout, contrôle par la sanction, et contrôle par la dépendance : l’institution seule est la solution au besoin individuel, elle est la seule autorisée à émettre un avis sur l’action individuelle, pour la satisfaction du narcissisme pervers de celui qui se réclame de cette autorité.

Dans cet esprit proche d’une forme de manipulation, se construit la relation de perversité d’un système d’abus. Se soumettre et profiter, ou exprimer et renoncer. L’abandon de soi, ou l’individualité.

Cette si belle démocratie, inégale et perverse, nous laisse les miettes d’une participation ponctuelle, pour laquelle media et politiques s’étonnent de notre désintérêt. Alors, nous continuons quand même d’être bien sages, de nous manifester, quand on nous le dit, en mettant un bulletin dans l’urne, ou au pire, en ne votant pas. « Un électeur ça vote quand on lui dit, ou ça ferme sa gueule ».

Il faut reconnaître que nous avons quand même le choix entre plusieurs têtes. Mais les têtes d’un même système.

Et entre deux urnes ? Rien. Nous acceptons d’être abusés. Ne devrions-nous pas manifester ? Pacifiquement, bien entendu. Pour une réforme, pour un allègement structurel de l’institution, pour exiger, pour mettre des limites… Non. Nous acceptons, bien formés à tout accepter, même le pire. Chapeau bas aux roumains. Chapeau bas aux coréens. Et vive la votation !

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Une bien belle démocratie, sur le principe, bien évidemment, mais détournée, dévoyée par ceux qui en ont pris le pouvoir, légalement. Ouf. Après tout, quand c’est légal, on peut tout faire. Une démocratie entachée par la perversité d’une institution, dont la valeur de protection pour ses captateurs dépasse de loin celle de bénéfice pour ses administrés.

Est-ce le pouvoir qui corrompt, ou les corrompus qui salissent l’institution ? Le danger vient probablement de ces hyper-narcissiques, de ces corrompus de la conscience qui n’envisagent le pouvoir que comme un remède à leur frustrations abyssales, et comme l’abri de grande fortune à leurs perversités multiples.

Ce n’est pas le système qui est mauvais. Le système est un outil. Sa valeur dépend, comme tout outil, de celui qui l’utilise. C’est la définition même de ce qu’est l’institution qui en fait son danger : son caractère opaque. Le bien qui s’y fait ne se dit pas, mais le mal qui s’y produit reste caché. Une planque idéale pour les pervers.

La démocratie est une idée magnifique, détournée par un certain nombre d’élus de cette même démocratie.

Le pouvoir du peuple dépasse le simple bulletin de vote. Faut-il encore l’utiliser de manière responsable. Les Balkany et autres pervers ne sont pas arrivés à leur poste par le fruit du hasard.

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Nos élus ne sont que notre miroir. Enfin, celui de la majorité d’entre nous. La démocratie ne serait donc pas si vertueuse, ou juste équilibrée. Pas plus en tout cas que sa majorité, électrice ou élue.

Derrière les belles images institutionnelles, il y a de bien plus tristes réalités. Voulons-nous réellement y faire face ? Derrière leurs névroses, leur narcissisme décadent, leur perversité destructrice, il y a notre acceptation.

Jusqu’à quand allons-nous reconnaître comme « normale » cette soumission de fait ? Jusqu’à quand allons-nous accepter l’abus comme expression d’autorité ?

Si nous voulons passer d’une névrocratie institutionnelle, à une démocratie réelle et mature, c’est avant tout à nous de nous questionner sur ce que nous méritons. C’est à nous de nous développer en autonomie, de nous affranchir de cette dépendance à cette fichue reconnaissance institutionnelle.

C’est avant tout à nous de nous valoriser suffisamment, pour exiger mieux de ceux à qui nous confions un avenir, dont la seule préoccupation, reste l’abus de notre présent.

Le Guetteur


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1 mars 2017

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