Institution, Politique

Elections : le gang des pastiches

Qui va battre qui ? C’est qui le plus fort ? T’as vu ? Il faut montrer, à défaut d’incarner.

Un bien triste spectacle, mais aussi un combat pour remporter la cagnotte publique, et sa protection, par cette si sacro sainte immunité tant convoitée. Y aurait-il d’ailleurs cette énergie à aller au combat de la part des candidats s’ils n’avaient pas tant à gagner, pour eux bien entendu.

Cette campagne est le révélateur du pire, de cette vulgarité ordinaire du monde politique, de cette perversité si franco-française d’un système organisé par eux, pour eux, et sans nous.

Jusque quand allons-nous croupir dans cet espace réduit par l’éducation du système, qui nous cantonne à cette si arrangeante obéissance : ne pas dire, ne pas remettre en question, bien apprendre, pour la bonne note, et n’oubliez pas de dire merci.

Nous acceptons tout, même ce pire, leur pire. Ne valons-nous pas mieux ? Si, mais nous ne nous autorisons même pas à le penser, puisque le système est construit pour nous éviter de le penser : la bonne culture de la sanction, plutôt que celle de l’encouragement.

Alors, nous regardons avec dégoût et passivité ces candidats dont aucun n’échappe à cette vulgarité d’un narcissisme si pervers : ils  se mettent en scène, s’inventent des destins, des postures. Seules leurs ambitions sont réelles. Ambition ? C’est bien. Tout dépend de savoir pour qui elle se construit. Pour eux, rien que pour eux, et uniquement pour eux.

Madame Le Pen encourage les pires des frustrations pour se nourrir de leurs déchets, se comporte comme les voyous qu’elle dénonce en en respectant pas les institutions. Monsieur Fillon s’enfonce dans son arrogance malfaisante, se posant en victime d’un système dont il a perdu le contrôle, jusqu’à pousser le nombrilisme maladif à organiser un rassemblement pour lui, autour de lui, comme un aveu de détresse politique. Garder le contrôle à tout prix, surtout quand ça dérape.

gang des pastiches

Le contrôle, l’enjeu est bien là. Contrôler le système pour le détourner, contrôler la communication pour créer des illusions : l’illusion d’une moralité à toute épreuve pour l’un, l’illusion d’une vie de famille bien rangée et proprette pour un autre, l’illusion d’un engagement à gauche toute en cachant son épouse cadre dirigeante pour encore un autre…

Je trouve toujours suspect ces renforts, ou ces contreforts de communication. Leur excès est en général le signe d’un besoin de dissimulation. Un marketing politique à défaut de convictions, de réalisme, et de courage.

Ils n’ont décidément rien compris. Ils sont enfermés dans leurs archaïsmes, encouragés par des communicants tout aussi « naphtalinés ». Un nombrilisme pervers qui s’acharne à construire une image d’eux, suffisamment puissante dans l’illusion pour leur permettre de planquer leurs méfaits en tous genres, bien à l’abri derrière la vertu fantasmée de l’institution.

L’institution politique française est le pendant de la curie romaine : un objet collectif vertueux qui cache les perversités individuelles bien moins reluisantes.

Mais tant que nous serons prêt à voter pour des Le Pen, des Balkany, des Tabarot, des Ceccaldi-Raynaud, des Guerini, des Le Pen et bien d’autres de tous bords, nous aurons les élus que nous méritons. Ceux dont les narcissismes nourrissent les nôtres, en nous achetant avec des subventions pour nos associations, des places de crèche, des équipements collectifs pour nos petits besoins ordinaires.

elections france

Nos élus correspondent à l’image que nous nous faisons de nous-mêmes, mais pas à celle que nous ne nous autorisons pas à avoir.

Plutôt que cette acceptation passive, demandons-nous davantage ce que nous voulons pour nous-mêmes. Cela pourrait nous éviter de nous bercer naïvement, et de manière infantile, de cette illusion que cette autorité par défaut ne voudrait que notre bien.

Sommes-nous si masochistes ? Si c’est le cas, nous aimons vraiment ça, faut-il croire. La perversité du système nous mène même à mettre au pouvoir ceux qui ne veulent rien pour nous, mais ont besoin de nous pour leur permettre d’accéder à la « cagnotte ». Nous sommes la clé de leur perversité, et nous leur livrons sur un plateau d’argent.

A nous de savoir quelle porte nous souhaitons ouvrir. Celle de leur malfaisance, ou celle de notre autonomie : notre salut ?

Le Guetteur


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9 mars 2017

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