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Politique écologique, ou Ecologie politique?

La politique écologique illustre assez bien la posture de l’institution politique. Quand elle adresse un sujet qui concerne son environnement, humain ou naturel, elle construit son approche comme pour tout sujet : de manière autocentrée. C’est selon son intérêt et celui de la plupart, pas tous, de ceux qui en prennent les commandes.

Nous reviendrons sur les raisons possibles d’une telle perversité narcissique comme moteur du pouvoir institutionnel. C’est en tout cas un encrage culturel essentiel du pouvoir politique à la française, et l’une des raisons de cette relation conflictuelle, voire de plus en plus agressive, entre citoyen et politique. Le renforcement du contrôle déclenche un besoin de s’affranchir d’autant plus grand. Et oui, la bonne culture de la domination par l’obéissance finit par s’user.

UNE POLITIQUE DE L’IMAGE

Revenons à la politique écologique. Elle est le symbole de cette culture de l’image, du discours, de la construction d’une idée que le pouvoir serait responsable et… altruiste. Une pensée qui frise la croyance infantile. Celle qui voudrait que, une fois adulte, l’institution serait le prolongement d’une autorité bienveillante…Papa. Maman !

Le cap à passer pour nous citoyens est de développer notre propre autonomie vis-à-vis de cette croyance, entretenue bien entendu par l’institution elle-même : « nous sommes celle qui vous veut du bien, celle qui a une solution pour vous ». Oh oui…Papa. Maman !

L’écologie rejoint la santé publique, construite sur cette culture de la fable, et ses scandales trop nombreux : le Distilbène, sang contaminé, hormones de croissance, le chlordécone, l’amiante,  le mediator, la Dépakine…

Ce sont des sujets qui concernent le bien-être de l’individu, et que l’institution s’approprie comme tels pour se construire une panoplie de bonne conscience.

Je revois ces images de la Cop 21, où, ces participants se tombent dans les bras, s’embrassent, pleurent, se congratulent.  Pour enfin…s’apercevoir aujourd’hui que la France ne respecte pas ses engagements.

L’engagement, c’est du concret. La signature, c’est du concept. Et la France est si forte dans le concept, l’idée…d’elle-même. « Que nous sommes formidables, nous avons signé un accord ! », ou « Regardez, nous nous sommes occupés d’un sujet, nous avons voté une loi »…Ce qu’il y a de commun : « regardez-nous ».

 

Toujours cette déviance narcissique qui fait du politique un habile organisateur de sa bonne conscience, au détriment de l’engagement dans le  réel. Ce qu’il y a de bien avec le concept, c’est qu’on a jamais tort, on est toujours « brillants », au propre comme au figuré.

Le réel…l’institutionnel français n’aime pas beaucoup. C’est en effet le moment où il prend le risque d’être pris en défaut, de devoir se confronter à une réalité contraire à son besoin narcissique : s’être trompé. Impensable !

L’ECOLOGIE : UNE INTENTION

Pour avoir une intention écologique, il faut une intention vers l’autre, pour l’autre. Et autre que celle arbitraire qui consiste à taguer ou briser les vitrines de boucheries. Ou encore soumettre une partie de la population à sa névrose utilitariste de l’écologie urbaine comme faire valoir individuel. Protéger les uns en détruisant les autres…de l’altruisme quelque peu segmenté…et questionnant.

Comment un individu construit pour ne se préoccuper que de son intérêt, dans un rapport archaïque à l’autre caractérisé par la domination pourrait développer une conscience du collectif par de l’écologie ? Le prédateur / protecteur…Bizarre non ?

A moins d’en faire son parcours, son engagement, ou simplement un acte individuel du quotidien, de manière autonome et convaincue. De manière autonome…qui se construit dans sa conscience de la réalité, dans un esprit qui analyse et déclenche l’action la plus appropriée, pour lui parmi les autres.

Tant que nous continuerons de nous bercer, ou de nous faire bercer, par cette illusion d’une institution protectrice, nous continuerons à incarner ces « adulescents ». Une façon de nommer l’adulte en âge mais mentalement adolescent dans un rapport de rébellion et de colère à une institution dont il n’obtient pas ce qu’il en attend.

Il est l’heure…le dodo est terminé…il faut se réveiller…et se prendre en charge, en confiance. Pour comprendre, analyser, agir individuellement pour un sens collectif, et passer le cap de l’insatisfait permanent, qui attend de l’autre pour éviter de faire soi-même.

Le citoyen, aussi compliqué et contrarié soit-il, avance beaucoup plus vite, s’adapte, évolue par confrontation au réel, dont se protège le politique, ou du moins, la plupart des dirigeants politique. Ce dernier se protège d’une première réalité : de sa propre limité, sa propre illégitimité de posture.

N’en déplaise à monsieur Macron, le « Gaulois » bouge. Peut-être trop vite pour lui, en tant que gardien d’une institution surannée, anachronique, construite sur le contrôle, le statut, l’image et la représentation.

Il bouge sur l’intérêt porté à son environnement, sur sa propre relation à l’environnement, de manière plus autonome. Un danger pour le contrôle institutionnel construit sur l’obéissance, et la soumission, de l’individu ?

Deux systèmes qui aujourd’hui, sur l’écologie ou de manière plus large, sur la place que le citoyen souhaite prendre, pour les plus constructifs et animés d’intentions de construction, s’opposent car tirent chacun dans un sens opposé.

En reprochant l’immobilisme du Gaulois, monsieur Macron ne fait que de la simple projection : reprocher à l’autre ses propres travers.

On ne construit pas l’avenir en ayant recours à des recettes du passé.

Investissez chaque jour dans un esprit de protection et de construction votre politique écologique, dont l’humain est une part absolument essentielle, loin d’une écologie politique, devenue bien faible pour en cacher l’opportunisme narcissique de ces  mirages désincarnés.

LE GUETTEUR

17 février 2019

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