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Violences urbaines: le choc des arbitraires

Je suis à la fois dépité, écœuré, et tout compte fait malheureusement assez peu surpris des violences de cette minorité envahissante, destructrice, qui ne  contribue à rien d’autre qu’à casser. On leur ouvre pratiquement  les portes de la ville  pour les laisser déverser leurs névroses destructrices, et semer le chaos urbain qui n’est que la projection de leur chaos mental.

Mais sont-ils les seuls acteurs de ce qui ressemble à une valse des pervers narcissiques ?

conflit urbain

LA CULTURE DU VIDE

Ils sont le miroir de l’absence politique, dont l’intensité ne fait que croître depuis bientôt deux ans. Un peu facile…en fait. Une absence politique alors dont le point culminant se révèle depuis bientôt deux ans.

L’actuel président de la République aurait pu être le premier. Le premier d’une modernité politique, annoncée à renfort de communication en tout cas. Elle trahissait la légèreté d’une illusion dont les efforts théâtraux se sont rapidement effacés face à une réalité. Celle-ci est plus exigeante que les planches flatteuse d’une scène protectrice, et que les retours élogieux d’un grand jury.

Il ne suffit plus de déclamer, de réciter, de démontrer que l’esprit est brillant, et il l’est, assurément. Comme l’illustrait cette réunion avec les maires lors du grand débat : des participants bien proprets avec l’écharpe bien mise, pétris de fierté de se trouver avec le Président. Mon papa ce Président… Lui  ne s’est pas privé de cette occasion de réciter sa bonne leçon : montrer que je sais, que je maîtrise, que je contrôle : l’information, le savoir. Et, what else ?

La culture, la connaissance sont des outils exceptionnels, s’ils permettent de nourrir une posture de réalité, de relation à la réalité. une culture qui permet de  se confronter, pour comprendre, pour décoder, pour…agir.

absence politique

Le vide de posture est aujourd’hui édifiant : une inversion dans les fonctions entre numéro 1 et numéro 2  au ministère de l’Intérieur, certains membres du gouvernement retranchés dans une si franco-française culture de la réflexion, de la réunion…pour… ? Pour, de manière si ordinairement récurrente et reproduite, se protéger d’une posture en contact, en décision, en action.

Le vide de posture en action est une porte ouverte aux postures de destruction.

LE BÉNÉFICE DU CHAOS

Et j’évite de m’appesantir sur une idée qui devient de plus en plus envisageable : la volonté de laisser le chaos se développer pour jouer le jeu d’une manipulation perverse, et déconstruire les adhésions citoyennes. La tactique du retournement : celui de l’opinion publique contre les gilets-jaunes par le media des casseurs. Inimaginable de perversité, et pourtant…Le communiqué indiquant que « tous ceux qui étaient là se sont rendus complices du saccage des Champs-Elysées » ne peut pas mieux l’illustrer. Y être, ou ne pas y être du tout…

Une posture enseignée, transmise par une culture qui entretient l’idée d’une élite au-dessus, à part. Tellement à part qu’elle est coupée de tout, de l’autre, du réel.

L’ENA pourrait peut-être elle aussi penser à se moderniser. Elle pourrait envisager de dépasser cette culture narcissique de l’élève nourrit au message d’un élitisme de salon, égocentré.  Il est construit pour être à part, pour ne pas faire partie du groupe, isolé du grand nombre. Il y a pourtant d’autres lectures possibles que Machiavel http://www.le-guetteur.com/politiques-docteur-lumieres-mister-machiavel/.

L’école est finie. La commedia e finita.

La réalité des tensions appelle une posture de chef, de manager en confiance, en contact, en maturité. En capacité de saisir la réalité dans sa globalité, dans ses enjeux.

Nous payons le prix d’une institution française construite sur des fantasmes de bonne conscience politique. Une idée fabriquée autour d’une vision élevée de l’entre soi, pour soi. Des valeurs morales sensées projeter l’image d’une France institutionnelle exemplaire, pourtant bien moins reluisante que ses idéaux moraux élevés au rang de devise.

Nous sommes construits dans une culture perverse narcissique : celle qui inscrit l’individu dans une obéissance absolue à une autorité, quel qu’en soit son détenteur.  Une négation de l’expression individuelle par la soumission, pour le seul bénéfice de cette même autorité : en contrôle, en dépendance.

UNE EDUCATION EN SANCTION

Notre système éducatif en est la courroie de transmission : apprenez, restituez, obéissez, et soyez reconnaissants. Et gare à la faute : la sanction guette.

La soumission crée aussi le sentiment d’humiliation de ceux que l’institution ne reconnaît pas : pas assez valorisants pour l’institution. Des mauvaises notes qui dévalorisent le système : sortez ! On ne veut pas de vous !

La culture française crée les conditions de cette violence : l’humiliation amène à la colère, et la colère à la violence. Une violence silencieuse, sourde, qui ronge, abîme, s’impatiente, jusqu’à l’étincelle. Mais les casseurs sont encore dans une autre logique : la destruction gratuite, le vol, le pillage. Les prédateurs ultimes : des sauvages avant tout.

Je suis farouchement opposé à la violence urbaine, tout autant qu’à la violence institutionnelle parée de ses atours pompeux et d’allure si policée.

Tant que l’institution continuera d’entretenir un modèle pervers narcissique, tant que le politique investira la division comme moyen de contrôle, tant que le pouvoir et ses outils d’enseignement ne désinvestiront pas l’ego comme moyen de valorisation, alors nous continuerons de courir après notre modèle de société, en intégration plutôt qu’en exclusion.

domination institutionnelle

Tant que le politique se construira dans le pouvoir « sur » le collectif, dominant, et non dans le pouvoir responsable « pour », agissant, nous continuerons de subir la défaillance de posture de cerveaux bien construits, mais inadaptés.

UN COLLECTIF EN ÉQUILIBRE

Sortir du rapport dominant / dominé, c’est nourrir et encourager la confiance de l’individu, quel que soit sa fonction, et envisager un modèle de société le plus équilibré, le plus respectueux possible. Et cela commence par l’équité femme – homme http://www.le-guetteur.com/france-terre-dabus/.

Une façon d’évoluer vers une modernité en relation, de sortir de l’archaïsme du rapport de force qui conditionne nos relations collectives et individuelles.

Sortir de cette culture du statut, de l’arbitraire, pour celle du rôle, de la relation : une nation, réelle et vivante, enfin…

 

LE GUETTEUR

18 mars 2019

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