Institution

L’Institution : tous à couvert !

Comme l’évoquent certains articles du blog, le courage du politique s’exprime davantage lorsqu’il n’y a pas de danger, plutôt qu’en situation de nécessité.

Les livres confessions ou de libération de parole sont écrits lorsque leurs auteurs ne sont plus en poste, donc sans risque de « punition » du système, comme aujourd’hui messieurs de Villiers, Debré… Ou bien encore quand un candidat s’affranchit de son ancien patron, une fois les liens de subordination éteints, comme monsieur Fillon avec monsieur Sarkozy. Peut-être aussi parce que cela lui sert en tant que candidat, il aurait quelque chose à gagner, une élection. Alors qu’en tant que premier ministre, il avait à perdre, son poste…

C’est aussi cette planque qu’utilise le gouvernement sur un sujet comme la visibilité d’une pratique rigoriste, ou intégriste, de la religion, par la tenue vestimentaire notamment.
Il est vrai que c’est un sujet difficile : faut-il aussi interdire le code vestimentaire des juifs orthodoxes ?

Il y a quand même une différence : le vêtement est la visibilité de la pratique, mais pas le penchant au fait d’imposer aux autres ses propres rigueurs, ses propres confusions, son goût névrotique pour l’interdit et le contrôle. En tout cas, en-dehors de la communauté intégriste.

Car c’est en fait là où se situe le problème, selon moi : interdire aux autres, en-dehors d’une même communauté religieuse, ce qui est interdit au sein de cette communauté. C’est comme si les végétariens, ou végétaliens obligeaient les autres à suivre le même régime qu’eux, ou les non-fumeurs à empêcher les autres de fumer…Cela arrive en fait : l’intégrisme est partout…Et je précise que j’ai arrêté de fumer…

Derrière l’intégrisme, il y a l’arbitraire sur l’autre. Et l’intégriste veut dominer, veut empêcher, veut priver, veut dicter, veut soumettre. Comme l’Institution en fait… ? Une même perversité peut-être.

Quand le gouvernement se planque derrière le Conseil d’Etat. Il manifeste encore, et encore une forme de lâcheté. « C’est pas moi qui dit c’est lui »…Cette lâcheté qui crée le ras le bol des individus. Cette incapacité à prendre des décisions qui n’en font pas des hommes de pouvoir, de tous bords, mais des gestionnaires.

Les media s’enflamment quand un restaurateur refuse, à tort selon moi, de servir deux femmes voilées. Il doit s’excuser devant media. Où est la révolte quand un groupe d’intégristes interdit l’accès d’une plage en Corse, où quand un groupe du même type se jette sur une vacancière, seins nus, en Charente, et sans aucune réaction du public ! La lâcheté. Encore. Je n’ai pas vu ces groupes s’excuser à la télévision.

Voilà où nous mène la lâcheté du pouvoir, à devoir s’insurger et presque écrire des propos que j’aurais qualifié en un autre temps de frontistes…L’exaspération face à une non volonté d’un gouvernement, au-delà d’une incapacité, à agir. Ajoutez-y son arbitraire, sa partialité, et sa culture de la division, encore et toujours.

Il y aura de plus en plus d’excès : de la part de laïcs en représailles à l’absence de courage du gouvernement. Autant contre les intégristes que contre le gouvernement en fait. Et il y aura de plus en plus d’actions intégristes, qui se sentiront protégés par les failles du gouvernement. Car, en bon pervers, les intégristes s’engouffrent dans les failles pour exercer leur contrôle à but destructif pour l’autre. Comme le manager pervers qui passe son temps à dénigrer ses collaborateurs, à les rabaisser et les humilier. Comme le mari qui détruit son épouse.

Nous sommes encore loin d’avoir fait reculer la perversité de l’abus : elle est ancrée dans notre culture collective. Cette dernière s’est construite sur une vision abusive du pouvoir, du statut, et de l’autorité.

La lâcheté institutionnelle face à l’intégrisme n’est qu’une tragique illustration de sa lâcheté vis-à-vis de sa propre culture de l’abus, et de l’arbitraire, domestique ou publique.
Pas étonnant que l’individu prenne le relais, de manière spontanée, désordonnée, et certainement excessive aussi. Il fera de plus en plus sans l’Institution, défaillante et illégitime, car détournée et pervertie, par ceux qui sont supposés en avoir la charge.

Jusqu’où ira cette dégradation ? Quelle que soit son intensité, elle ne servira pas le projet et l’intérêt collectifs, déjà si fragiles.

Le Guetteur


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5 octobre 2016

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