Politique

Politiques français : le salaire de la peur

Quelle rengaine : la répétition des sujets, toujours les mêmes, depuis des années. On tourne en rond, autour de questions, sans jamais y apporter de réponses. Trop risqué… Et trop à perdre, pour eux, même si pour nous, tous, il y aurait beaucoup à gagner.

Une chanson lancinante, autocentrée, usée, dont l’indécente lâcheté nous plonge chaque jour davantage dans la brume épaisse du doute et du défaitisme. Mais aussi celle de l’incapacité, de la faiblesse à affronter une réalité, difficile certes, mais qui a au moins le bénéfice d’être concrète. Au contraire de leur effet d’illusion, seule représentation acceptable de leur déficience à ne pas être à la hauteur des enjeux, des nécessités, des mouvements du monde.

La culture française du pouvoir institutionnel se construit notamment sur ce fantasme : d’impunité, de permanence, de protection de ceux qui l’utilisent et en cache la perversité individuelle, noyée sous des couches superposées. Celles du contrôle.

Un schéma acceptable tant que la réalité ne remet pas en question le fonctionnement, et la légitimité supposée et construite comme telle, de l’Institution.

L’Institution est comme un hologramme qui projetterait sur les spectateurs l’image d’un pouvoir responsable, agissant et conscient, sans oublier la marketing de l’émotion. Cette image ne serait acceptée que par une forme de soumission du spectateur à ce qu’il reçoit, par une obéissance arrangeante et complice. Un abandon de son esprit critique, de son autonomie, de sa capacité de responsabilité, tant que l’Institution répond à ses besoins.

Oui, mais…Cette culture de l’obéissance, entretenue par un schéma d’éducation construit sur une autorité de statut, évolue vers un schéma d’adhésion, de sens , de choix individuel construit sur une prise d’autonomie et une demande de légitimité par le rôle, par la contribution. Par l’efficacité, par le réel.

La « théâtralisation» du pouvoir s’essouffle devant les réalités du monde qui exigent capacité d’engagement, de proposition, de décision, de construction de projet. Le courage pour la réforme.

Y aurait-il un Luther, ou un pape François dans la société politique ? François, de gauche ou de droite, n’est pas le pape. Quant aux extrêmes, à part nourrir les aigreurs et entretenir le pire…Qui a dit qu’il ne ferait qu’un mandat ? Juppé ? Comme François, le pape… ? Une espérance ? Un sacrifice pour le bien public ? Pourquoi pas. Après tout, Juppé, il s’est déjà sacrifié pour Chirac et le RPR.

Mais le sacrifice prendrait davantage de valeur dans le courage de la réforme, aujourd’hui, plus que dans la soumission au système de l’époque.

Nos politiques vantent notre système français, en circuit fermé, mais refusent de le confronter au reste du monde. On est toujours premier du village, tant qu’on ne s’expose pas au regard de la ville. En bon narcissique, le pouvoir français développe une image de lui-même bien éloignée de ses réelles capacités.

Ces politiques se sont construits dans la valorisation du savoir, du statut, et de l’arrangement permanent comme marchepieds du pouvoir. Des cerveaux déconnectés de la mise en relation avec le réel, dont ils construisent l’organisation à renforts de concepts, de textes et d’idées, gratifiant leur ego douloureux et creusant l’écart toujours plus fort avec une société civile en mouvement, en adaptation.

Les politiques français sont des « Peter Pan » : ils s’organisent un monde fermé, dont les dorures valorisantes sont leurs jouets tant convoités. Ils s’y accrochent par refus du réel. Ils ont pris les commandes d’un vaisseau à la dérive, dont les matelots seraient pourtant prêts à ramer. Mais ces capitaines vêtus précieusement ne voient pas la tempête gronder, enfermés à double tour dans la cabine du capitaine, traçant la route au compas sur une carte jaunie.

La France c’est aussi et surtout la société civile. Celle des talents et des ressources, celle des modernités discrètes mais agissantes. Celle de la pudeur, celle du meilleur qui ne se montre pas, loin des archaïsmes de l’Institution, de la peur de ceux qui la contrôlent pour ne pas en partager le pouvoir, et qui, à trop s’y accrocher, précipitent ce pouvoir dans un gouffre de lâcheté.

Leur manque de courage nous isole, nous prive d’une vision positive, d’un projet, d’une capacité de mobiliser les ressources, d’une autonomie, et d’une responsabilité bien plus structurante et bénéfique que cet endormissement collectif, seul garant de la poursuite d’un système pervers et destructeur. Mais notre engourdissement vaut bien la survie de leur folie narcissique, après tout.

Alors ils divisent, et menacent. Comme monsieur Valls à Münich : «  il va encore y avoir des attentats, des morts ». « L’avenir, c’est la peur, et sans nous… vous n’êtes rien. Craignez des autres, l’État est là pour vous ». Comme Kim Jong-Un…

Ainsi se révèle l’État Français en pervers narcissique. Le contrôle est son pouvoir. Son manque de courage est sa faiblesse.

Mais le pouvoir du dominant ne fonctionne que par l’acceptation du dominé. Le plus grand pouvoir n’est pas tant celui de soumettre, mais celui de mettre un terme à la soumission. C’est aussi ça le courage.

Qui aura celui de faire face à cette réalité ? Et combien de temps encore avant que la faiblesse ne s’effondre sous les coups répétés de cette réalité ?

Le Guetteur


Ce qu’en pensent les autres :

1 – Un article du Figaro Economie (11/11/2015)

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2 – Un article des Echos (14/02/2016)

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3 – Un article de Public Sénat (16/02/2016)

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4 – Un article de Libération (18/02/2016)

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5 – Un article du Monde Société (29/08/2014)

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6 – Un reportage de France 2 (04/02/2016)

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7 – Un article des Echos (29/10/2015)

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8 – Un article d’Europe 1 (25/02/2016)

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9 – Un entretien de France 2 (21/02/2016)

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3 mars 2016

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