Réflexions

Intégrisme : une régression pas si ordinaire

Je suis quelque peu lassé du caractère obsessionnel de l’actualité française : les medias et politiques s’emparent de sujets, le plus souvent anecdotiques, le décortiquent pendant des semaines, voire des mois, et nous enfoncent dans une logique du détail quotidien, quand les grands sujets et enjeux sont abandonnés. Pourquoi ? Par incapacité à prendre du recul, à raisonner de manière globale. Pour nous occuper, et nous abrutir loin des sujets essentiels, non traités, notamment par le pouvoir.

Alors nous voilà envahi par le burkini, tous les jours, encore et encore… Ils sont empêtrés, à droite, à gauche, à la mer, à la piscine, au nord, au sud.

C’est quoi le sujet ?

Une tenue qui représente une pratique religieuse ou la visibilité d’une pratique religieuse intégriste et gênante quel que soit la religion pratiquée ? Laïcité de la république, donc, réglé. Pas de burkini. Imaginez le curé de votre paroisse se baigner en soutane à la piscine municipale ou la plage du coin ?

Et, quelle que soit la religion ou le comportement domestique et laïque développé (cf. l’intégrisme est un archaïsme), c’est aussi un vieil écho de culture archaïcho-traditionnelle, qui veut que la femme se cache pour ne pas exister face à une faiblesse et à une peur primaire machiste.

Soumets-toi, tais-toi et fais ce que je te dis. Ok, la bonne vielle expression perverse-narcissique du blaireau, laïc ou religieux. On légitime la trouille de perdre son petit contrôle comme on peut.

Ce qui me gêne dans tout ça, c’est qu’au nom du respect d’une religion, on en accepte en fait les archaïsmes et rétrogradations qu’elle cache dans sa pratique la plus extrême. C’est que cela nous ramène en arrière en matière d’équilibre relationnel.

Un intégrisme relationnel avant tout. Une volonté d’imposer, de gagner du terrain sur les libertés individuelles.

A quoi bon se targuer de vouloir développer le traitement équitable homme-femme, à juste titre, dans la société française, si ceux qui s’en font les défenseurs, se font aussi ceux de la rétrogradation ? Au nom de la liberté d’expression, peut-on accepter l’expression de la négation de la liberté ? Semer le chaos pour garantir son propre bénéfice : toujours la politique perverse-narcissique. On comprend mieux, enfin, on comprend, mais ça ne me convient pas. « Diviser pour mal régner », encore. De la perversion dans le contrôle, encore et toujours.

Si la modernité, toute relative et encore à construire, de notre société contemporaine, ne convient pas à ceux qui préfèrent une société archaïque.

Juste pour rappel, la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l’Etat, voulue par Aristide Briand, notamment, n’avait-elle pas pour objet de limiter l’emprise morale des religions par rapport à la république ? On en fait quoi ? Elle concernait les religions présentes en 1905. Et oui, il manquait à l’époque la représentation musulmane. Aujourd’hui, elle est là. Il suffit juste de faire une mise à jour de la loi, pour une simple Egalité des religions, une Egalité si chère aux héritiers de Briand.

Comme de plus en plus de sujets, certains media et les politiques s’entendent pour réagir de manière instantanée, sur des parties de sujets, sur les anecdotes, qui, même sérieuses, ne sont pas le sujet dans son ensemble mais sur le fond.

Plutôt que des tweets de politiques, j’attends autre chose qu’une communication instantanée de ceux censés représenter une vision, un projet. Comment voir loin quand on s’élève pas plus haut que le quotidien ?

Le Guetteur


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7 septembre 2016

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