Institution

L’Institution n’est pas démocratique

Nous évoluons dans un régime de lourdeur, qui pèse de tout son poids structurel sur la vie collective, sur la capacité individuelle à exprimer un potentiel, ou une simple individualité. Garder le contrôle à tout prix : empêcher, éviter.

Il y a la réalité, celle des modes de fonctionnements quotidiens, et il y a les mots, les concepts, imaginés pour donner une allure acceptable à un régime autoritaire, d’orgueil et de lâcheté.

Peut-il y avoir démocratie en dehors d’une démocratie participative ? Une sollicitation par le vote ponctuel est-elle suffisante pour animer et responsabiliser le citoyen dans sa participation à la vie collective ? Ce vote a-t-il une autre utilité que de donner un semblant de légitimité à un détournement narcissique du pouvoir ?

Je ne pense pas. Juste un système de bonne conscience, si franco-française, pour ensuite reprendre les bonnes habitudes de contrôle par les outils administratifs et politiques.

L’Institution, laïque ou religieuse, française ou européenne, bâtit son pouvoir sur cette culture du contrôle pour éviter la perte de pouvoir, à chaque échelon de décision. Le statut en est un de ses attributs qui fige l’autorité dans l’arbitraire, dans l’excès de règles, de normes.

L’Institution est opaque. Elle se cache derrière un paravent de bonne conscience, pour assurer l’impunité des mauvaises pratiques individuelles de ceux qui la gouverne. Elle se construit des allures collectives mais pas collaboratives, pour masquer les échecs d’une réelle unité, d’un projet fondamentalement commun.

Comment une culture du contrôle, basée sur la division, permettrait-elle l’émergence et l’animation d’un projet rassembleur ?

Y aurait-il une perversité de l’Institution ? Certainement. Pas en elle-même, mais exprimée par certains qui en ont la charge, et s’y cachent pour y assouvir leur névroses à l’abri d’épais décorum. Les scandales, politico-financiers ou sexuels, laïcs ou religieux, en sont une illustration parmi d’autres.

C’est une organisation qui se maintient par la culture de l’obéissance, de la soumission à la règle, et entretient une dépendance du sujet à cette Institution, supposée seule recours à l’organisation de son quotidien, et seule capable de décider, quand elle le fait.

La démocratie n’est-elle pourtant pas synonyme d’autonomie, d’esprit critique, de choix, de sens ?

Il semble qu’il y ait un réel conflit entre Institution et démocratie. C’est aussi ce conflit que nous vivons aujourd’hui, et de façon plus marquée encore chaque jour. Entre la capacité d’une société civile de sortir d’une culture de soumission pour évoluer vers une culture d’adhésion.

Mais cette autonomie individuelle ne peut être salvatrice au niveau collectif que si, et uniquement si, l’institution s’allège de ses acquis, des privilèges accessoires, de ses écrans de fumée, de sa peur, pour se remettre en question, et jouer enfin son rôle d’administration… des énergies, initiatives et réalisations de la société civile.

Ce mouvement ne peut se faire que par la réforme des minorités institutionnelles : celles qui s’accrochent, qui bloquent par manque de courage. Celles qui refusent de peur de ne plus exister dans un système fluide et exposé. Celles qui ont peur de l’autonomie des électeurs, des adhérents, des salariés, des collaborateurs…

Quand un pouvoir ne se maintient que par l’autorité du statut, il perd sa légitimité. La société civile est prête au changement, j’en suis persuadé, dans sa majorité, qui elle avance et ne se montre pas, ne revendique pas, ne bloque pas.. Elle est prête à exercer de manière responsable sa participation démocratique.

Une société doit-elle se construire pour le plaisir des partis, des idéologues, des partisans ? Ou pour rencontrer la capacité du groupe, des citoyens à appréhender des nouveaux modèles ?

Jusqu’à quand une minorité de blocage continuera de nous empêcher d’avancer, en se cachant derrière les attributs d’une Institution en faillite, archaïque et illégitime ? Jusqu’à quand les décisions qui nous concernent seront-elles prises pour nourrir leurs dogmes egocentriques ?

Et le recours au référendum ? Le vrai, pas comme celui sur le traité de Lisbonne. Une tentative de démocratie participative, et…reprise de contrôle au final.

Le régime institutionnel est un archaïsme incompatible avec l’expression d’une réelle démocratie. Les Français sont prêts pour davantage d’autonomie, que ce régime ne veut leur accorder pour maintenir un pouvoir narcissique et abusif.

Il n’y a pas de fatalité, il n’y a que de la lâcheté à ne pas investir la confiance, l’autonomie et l’avenir. La société civile s’y engage, en détournant son attention de ce cirque de naphtaline et de suffocation. Elle avance, parfois ailleurs.

C’est peut-être aussi ça la maturité : une société qui passe de l’enfant soumis, de l’adolescent en colère à l’adulte autonome. L’autorité n’exerce alors plus son pouvoir par le contrôle, elle accompagne le mouvement en confiance. Au risque sinon de s’isoler, enfermé dans ses certitudes, en observant passivement son monde se vider, se délabrer et en rendant ceux qui partent responsables de son propre effondrement.

Le Guetteur


Ce qu’en pensent les autres :

1 – Un article de La Gazette (02/03/2016)

participation citoyenne

2 – Un article de Reporterre (24/02/2016)

france suisse référendum

3 – Un article de l’Opinion (14/02/2016)

référendum france olivier rouquan

4 – Un article de France Info (28/02/2016)

démocratie france


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10 mars 2016

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